Trump se prépare à contester les résultats de la prochaine élection

 Toute l’année, Richard Hétu et Yves Boisvert nous informent sur les élections américaines dans une infolettre envoyée le mardi. Leurs textes sont ensuite repris dans La Presse+ et sur le web, le mercredi.

(New York) Il ne se passe presque plus une semaine sans que Donald Trump ne signale son intention de contester les résultats de l’élection présidentielle de 2024.

Trump se prépare à contester les résultats de la prochaine élection


Le 3 août, lors d’un rassemblement à Atlanta, l’ancien président s’est attaqué aux deux responsables républicains de Géorgie qui ont refusé de l’aider à inverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020 dans cet État : le gouverneur Brian Kemp et le secrétaire d’État Brad Raffensperger.

« Votre gouverneur, Kemp, et Raffensperger font tout ce qui est en leur pouvoir pour rendre difficile la victoire des républicains en 2024 », a-t-il déclaré.

Que font-ils ? Je n’en sais rien. Ils ont quelque chose en tête, vous savez, ils ont un petit quelque chose en tête. [Le gouverneur Brian Kemp] est très mauvais pour le Parti républicain.

En revanche, lors du même rassemblement, Trump a vanté trois obscurs responsables républicains de la Commission électorale de l’État de Géorgie, en les nommant.

« Je ne sais pas si vous en avez entendu parler, mais la Commission électorale de l’État de Géorgie est en très bonne position. Ils font du bon travail. Trois membres [en particulier] : Janice Johnston, Rick Jeffares et Janelle King. Trois personnes, des pitbulls qui se battent pour l’honnêteté, la transparence et la victoire. Ils se battent. »

Ces trois « pitbulls » ont fait la différence lors d’un vote récent des cinq membres de la Commission. Ce vote a changé le processus de certification des résultats électoraux de chaque comté de Géorgie. Après n’avoir été qu’une simple formalité, la certification nécessitera dorénavant « l’attestation, après enquête raisonnable, que le dénombrement des votes et le dépouillement de l’élection sont complets et exacts et que les résultats de l’élection sont un compte rendu fidèle et exact de tous les suffrages exprimés lors de cette élection ».

Or, la règle ne définit pas ce qu’est une « enquête raisonnable ». Elle pourrait ainsi être interprétée de façon différente d’un comté à l’autre et servir à retarder ou à bloquer la certification des élections.

Après le vote, Sara Tindall Ghazal, l’unique démocrate de la Commission, a déclaré : « Cette commission est passée d’une commission qui suivait la règle de droit et prenait des décisions basées sur ce que les lois fédérales et de l’État exigeaient, et sur ce qui était le mieux pour organiser des élections, à une commission qui est guidée par des récits d’extrême droite. »

Selon certains scénarios, les résultats de l’élection présidentielle de 2024 en Géorgie pourraient déterminer le prochain locataire de la Maison-Blanche.


Trump questionne la légitimité de Kamala Harris

Le 8 août, Donald Trump a envoyé un autre signal menaçant. En s’adressant aux journalistes lors d’une conférence de presse à Mar-a-Lago, il a mis à l’essai un nouvel argument pour contester les résultats de l’élection présidentielle de 2024.

« D’un point de vue constitutionnel, quel que soit le point de vue considéré, ils ont enlevé la présidence [à Biden] », a déclaré Donald Trump, après avoir qualifié de « coup d’État » le retrait du président de la course à la Maison-Blanche.

Invité à expliquer en quoi le remplacement de Joe Biden par Kamala Harris à la tête du ticket démocrate pourrait être inconstitutionnel, Trump a répondu en notant que la vice-présidente n’a jamais gagné une primaire démocrate, y compris lors de sa campagne présidentielle en 2020.

« Le fait que vous puissiez n’obtenir aucune voix, perdre dans le système des primaires – en d’autres termes, vous aviez 14 ou 15 personnes, elle a été la première à sortir – et que vous puissiez ensuite être choisi pour vous présenter à l’élection présidentielle me semble inconstitutionnel. Cela me semble inconstitutionnel. Peut-être que ce n’est pas le cas », a-t-il affirmé.

David Axelrod, ancien stratège de Barack Obama, a aussitôt réagi sur X en accusant Trump de poser « les bases pour rejeter les résultats d’une élection qu’il craint maintenant de perdre ».

Le 11 août, Donald Trump a entrepris la semaine courante en trouvant une autre façon de remettre en question la légitimité de Kamala Harris en tant que candidate à la présidence.

Dans une série de messages sur Truth Social, il a d’abord accusé la vice-présidente d’avoir « TRICHÉ à l’aéroport » en faisant appel à l’intelligence artificielle pour faire croire qu’une foule massive l’attendait sur le tarmac à Detroit.

« C’est une tricheuse, a-t-il fulminé. PERSONNE ne l’attendait, et la ‟foule” avait l’air de 10 000 personnes ! C’est la même chose avec ses fausses ‟foules” lors de ses discours. C’est ainsi que les démocrates gagnent les élections, en trichant – et ils sont encore pires dans les urnes. [Kamala Harris] devrait être disqualifiée parce que la création d’une fausse image est une INTERFÉRENCE ÉLECTORALE. Quiconque fait cela trichera n’importe quand ! »

Réseau de militants

Il serait tentant d’ignorer ce genre de propos délirants. Mais Donald Trump n’en est pas à son premier grand mensonge électoral. Et il n’est pas seul dans son camp.

Christina Bobb, la personne embauchée par le Comité national républicain comme conseillère juridique pour l’intégrité des élections, a été inculpée en Arizona plus tôt cette année pour son rôle dans l’effort visant à inverser les résultats de l’élection présidentielle de 2020.

Selon le quotidien The Guardian, Cleta Mitchell, une autre alliée de Trump, a « passé ces dernières années à mettre en place un réseau de militants axé sur les commissions électorales locales ». Nombre de ces militants, situés dans des États clés, nient encore la validité de l’élection présidentielle de 2020.

Quant à Chris LaCivita, codirecteur de l’équipe de campagne de Trump, il avoue sans ambages que l’ancien président est prêt à contester les résultats de l’élection du 5 novembre.

« Ce n’est pas fini tant qu’il n’a pas posé sa main sur la Bible et prêté serment », a-t-il dit en marge de la convention républicaine de Milwaukee lors d’une discussion organisée par le site d’information Politico. « Ce n’est pas fini le jour de l’élection, c’est fini le jour de l’investiture. »

source: La presse

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