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Gabin Djimassé, directeur de l'Office du tourisme de la ville, en est aussi la mémoire vivante. Il mène les visiteurs entre les vitrines poussiéreuses, les salles d'exposition plongées dans le noir et l'humidité, et à travers les vastes cours des Palais décorées de bas-reliefs où sont disposées des lignes de canons. "A l'époque des Portugais, un canon s'échangeait contre 14 esclaves hommes ou 21 esclaves femmes", raconte à l'AFP M. Djimassé, habillé d'une chemise en coton traditionnelle verte et blanche.
Entre le XVIIIe et le XIXe siècle, le royaume d'Abomey était à son apogée: une puissance qui a été stoppée net par les conquêtes coloniales françaises de 1894, durant lesquelles des milliers d'objets ont été dérobés. C'est le cas des 26 oeuvres (dont le trône du roi) que la France veut restituer au Bénin, ancien Dahomey.
"Ces objets, c'est une chance pour la survie du site", se réjouit "Monsieur Gabin". "Ils vont permettre de construire un nouveau musée et de faire des palais royaux une vraie infrastructure économique". Avec un prêt de l'Agence Française de Développement (AFD) de 20 millions d'euros, dont 12 sont entièrement dédiés au nouveau musée d'Abomey, les palais et la cour des Amazones, les guerrières du royaume, seront bientôt transformés. Mais il a fallu revoir les plans. Dans le premier projet, "tout était en vidéo 3D, on se serait cru dans un parc d'attraction ou à Dubaï!", plaisante M. Djimassé.
Le nouveau projet, plus modeste mais qui jurera moins dans le décor de la ville qui l'accueille, laisse une plus grande place à la lumière naturelle et moins aux écrans. Autre priorité: trouver du personnel qualifié pour guider les touristes, protéger les oeuvres et les restaurer, des domaines dans lesquels "il faut commencer à orienter les étudiants dès aujourd'hui", souligne M. Djimassé.
Le ministre français de la Culture, Franck Riester, a annoncé début juillet un retour "effectif et rapide". Mais le petit pays d'Afrique de l'Ouest a besoin d'un "dispositif législatif" pour protéger ces objets. Ces 26 pièces du roi Béhanzin sont importantes, mais elles ne doivent être qu'un début, insiste-t-il: "Notre intention n'est pas de récupérer toutes les oeuvres, ceux qui pensent ça n'y connaissent rien. Mais de récupérer notre droit de propriété."
Avec l'AFP
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