Cameroun: la BAD estime que la crise anglophone pourrait accroître le niveau des dépenses de défense et de sécurité en 2019




Selon le dernier rapport de la Banque africaine de développement (BAD), les performances macroéconomiques du Cameroun, bien qu’en voie d’amélioration, demeurent «incertaines».

En effet, apprend-on, en dehors de la poursuite des efforts pour la restauration de l’équilibre de ses comptes publics, de reconstitution des réserves de change et de la consolidation de la parité monétaire régionale, le pays reste sous la menace de la dégradation de la situation sécuritaire dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en proie à une crise sécessionniste persistante.

Selon le dernier rapport de la BAD, si la crise persiste dans cette zone qui abrite d’importantes zones de production agricole ainsi que la Cameroon Development Corporation (CDC) (plus grande entreprise agro-industrielle nationale), elle pourrait accroître le niveau des dépenses de défense et de sécurité, affectant ainsi les prévisions budgétaires de 2019.

Bien que disposant de l’économie la plus résiliente de l’Afrique centrale à travers sa relative diversification, le Cameroun demeure également vulnérable du fait de la faiblesse de sa base de croissance et de sa forte exposition aux variations des cours mondiaux des matières premières.

Le renforcement de cette résilience économique, en dehors de la réalisation de projets de chaînes de valeurs dans les filières agro-sylvo-pastorales et halieutique, passe, selon la Banque, par une amélioration de la compétitivité de l’économie, notamment par un plus grand soutien à la facilitation des transports, au développement du secteur privé et du commerce régional, compte tenu de la position géographique du pays.

En dépit de ces alertes, le rapport des perspectives économiques de la BAD s’attend, pour le Cameroun, à une croissance du produit intérieur brut (PIB) réel de 4,4% en 2019 et 4,7% en 2020, grâce à la mise en activité d’infrastructures de production énergétique et de transport, ainsi que la remontée des cours mondiaux du pétrole.

Dans le même temps, le déficit de la balance des transactions courantes devrait se stabiliser autour de 3,1% du PIB en 2019 et 2020, le taux d’inflation projeté devant pour sa part rester inférieur à la norme communautaire qui est de 3%.

S’adressant à ses jeunes compatriotes, dimanche soir dans un discours radiotélévisé à la veille de leur Fête nationale, le président Paul Biya a également énuméré quelques raisons permettant «d’être raisonnablement optimiste» : un taux de croissance à nouveau orienté à la hausse et qui, après 3,8% en 2018, pourrait être de 4,4% en 2019 et de 4,7% en 2020.

L’année 2018 a été marquée dans le pays par une croissance du PIB réel de 3,8% contre 3,5% en 2017 grâce à la demande intérieure, principal soutien de la croissance économique, notamment par la consommation et l’investissement. Le déficit budgétaire a, quant à lui, poursuivi son déclin pour s’établir à 2,6% du PIB en 2018 contre 4,9% en 2017 et 6,2 % en 2016.

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